Le « Mental » dans la tête de l’entraîneur - 2e partie
Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Conseils / vendredi 3 octobre 2014 /
Le rôle et l'importance des habiletés mentales dans la performance en judo. Les résultats de l'enquête menée par Anthony Satizelle.
Dans le premier article, nous avions identifié les habiletés mentales qui concernent la pratique du Judo et nous avions essayé de comprendre ce que les entraineurs entendaient dans le mot « mental ». (Lire l'article, le « mental » dans la tête de l'entraineur http://www.alljudo.net/actualite-judo-2619-le---mental---dans-la-tete-de-l-entraineur---1e-partie.html)
Dans cette deuxième partie nous avons procédé à une évaluation de certaines habiletés mentales (motivation, concentration, gestion de l'anxiété, confiance en soi) sur des cadets et des juniors de niveau départemental et de niveau national.
Motivation intrinsèque et extrinsèque
Du point de vue de la motivation intrinsèque et de ses trois facettes (compétence, accomplissement et stimulation) nous n'avons pas noté de différences marquantes selon les catégories d'âge et le niveau.
En revanche concernant la motivation extrinsèque, on constate des différences. Nos tests établissent la place importante du besoin de succès et de reconnaissance, recherchés par les combattants de niveau national. Chez les cadets de niveau national on constate une motivation extrinsèque « à régulation introjectée » plus importante. Cela exprime le fait qu'ils sont également intéressés par d'autres aspects que par la simple pratique du judo comme, par exemple, appartenir à un groupe d'amis, ou pour satisfaire un proche. La motivation « à régulation identifiée » plus importante chez les combattants de niveau national, exprime l'intérêt porté aux activités complémentaires : musculation, cardio-training... qui vont leur permettre d'obtenir de meilleures performances.
Concentration et régulation de l'activation
Les résultats des tests nous permettent de vérifier que l'athlète de niveau supérieur à de meilleurs facultés de concentration, probablement car il focalise plus facilement son attention sur les éléments pertinents pour la performance. Il possède également de meilleures dispositions à se reconcentrer après avoir été distrait.
Les capacités à se relaxer et à s'activer sont plus développées chez les athlètes de niveau national que ceux de niveau départemental, ce qui les aide à mieux combattre. Concernant l'activation, l'athlète de niveau national possède une meilleure capacité à se mobiliser, ou à se remobiliser, pour faire remonter son niveau d'énergie lorsque son éveil physiologique est bas.
On constate que les cadets de niveau national ont une capacité de concentration inférieure à celle des juniors de même niveau, qui ont une également une capacité à se relâcher plus importante. On peut en déduire que l'expérience accumulée entraine ces améliorations.
La confiance en soi, plus importante chez les judokas de niveau national, peut être le résultat des succès obtenus lors des compétitions de niveau inférieur, ce qui est plus difficile à trouver pour les judokas de niveau départemental. L'environnement du sportif (structure d'entrainement, entourage sportif et familiale) est également un facteur qui influence de manière importante la confiance en soi.
Le phénomène d'anxiété est plus marqué pour les cadets de niveau départemental que pour ceux de niveau national. Chez les juniors c'est l'inverse qui se produit, ce sont ceux de niveau national qui présentent une anxiété somatique plus importante au moment de la compétition. Cela peut s'expliquer par les moyens plus importants mis en place par les juniors (plan d'entraînement, éloignement de la famille, choix scolaires) pour atteindre leurs objectifs sportifs.
On constate également que la combativité et l'agressivité sont grandissantes lorsqu'on accède au niveau supérieur.
Enfin, l'étude de la personnalité des judokas de différent niveau n'a pas permis d'identifier des traits de caractères ayant une corrélation avec le niveau de performance.
Conclusion
Nous avons pu faire émerger des habiletés favorables à la performance au judo. L'hypothèse de départ était que les sportifs détenant ces habiletés de façon innée étaient plus performants que les autres. Dans la réalité, les judokas développent leurs habiletés mentales au fil de leurs expériences sous l'influence de leurs entraineurs qui, de manière indirecte, leur permettent d'acquérir certaines habiletés.
On peut supposer que le niveau des habiletés mentales augmente quelle que soit la personnalité de départ, mais cette progression sera moins importante et moins maîtrisée sans un travail de préparation mentale spécifique. Ce travail permettra notamment aux athlètes d'identifier et de faire émerger des modes de motivation qu'ils n'ont pas l'habitude d'utiliser. Elle agira alors comme un révélateur des capacités.
Cet article a été réalisé en collaboration avec Anthony Satizelle, étudiant en Master Entrainement et Optimisation de la performance sportive de Lille 2.