Charline Van Snick : « quand on voit les conditions en France... »

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Interview / mercredi 24 avril 2013 / source : alljudo.net (Laurent Mathieu)


Quelques heures avant de s'envoler pour les championnats d'Europe de Budapest, la médaillée olympique belge Charline Van Snick a accepté de répondre aux questions de Alljudo. Interview.

Avec le recul les JO c'est un bon souvenir ou tu as des regrets de ne pas être allé chercher le titre ?
Je n'ai pas de regrets, parce que j'ai donné le meilleur de moi-même ce jour-là, mais c'est sûr que j'aurais voulu être encore meilleure. Maintenant c'est encore une question de travail pour pouvoir aller chercher le titre la prochaine fois.

Qu'est ce qui t'as manqué ?
Ca c'est vraiment difficile à dire. J'ai fait une erreur en demi-finale contre Ménèzes, je rentre une attaque mal préparée et je me fais contrer (yuko). Je me suis précipitée parce que je ne trouvais pas l'ouverture, alors que ce n'était vraiment pas nécessaire.

Quel a été ton programme après les Jeux Olympiques ?
J'ai repris l'entraînement en octobre, mais en novembre je me suis blessée à la cheville en stage à Strasbourg. J'ai quand même continué à m'entrainer dessus car je voulais faire Tokyo, et du coup ça a dégénéré avec des micros-fractures en plus de l'entorse. J'ai dû faire l'impasse sur Tokyo, Paris et Düsseldorf et je n'ai repris qu'en Turquie.

Suite à ta médaille olympique as-tu eu beaucoup de sollicitations ?
Oui, j'ai été invitée à la télé, dans des clubs... Grâce à cette médaille je commence un peu à être connue en Belgique car nous sommes trois à avoir été médaillés à Londres.
A l'image de certains judokas français as-tu eu du mal à retourner à l'entraînement ?
Oui, d'autant plus que j'ai repris trop tôt. Après un mois je me suis rendu compte que je n'avais plus aucun goût, plus envie du tout, du tout. Je suis partie à l'étranger, et j'ai fait une semaine de sport dans un autre cadre, au soleil, j'ai fait plein de sport, tout sauf du judo, et après je suis revenue motivée sur les tatamis.

Quelles sont les conditions d'entraînement pour un judoka belge de haut-niveau ?
Ce n'est pas facile, quand on voit les conditions en France, ce n'est pas gai ! Nous n'avons pas de centre, ni de salle d'entraînement dédiée pour le haut-niveau. Nous tournons donc dans les clubs, nous avons essentiellement trois points d'entraînement. Comme nous sommes un petit groupe, il n'y a pas beaucoup de partenaires pour les randoris et donc nous faisons surtout de la technique et des mises en situation. Quand nous sommes en Belgique nous ne faisons qu'une seule séance de randori par semaine. Pour l'opposition nous allons sur les stages à l'étranger, et nous venons régulièrement en France à l'IJ, et dernièrement à l'Insep, pour des périodes de quelques jours. Au niveau des conditions c'est le rêve, j'aimerais trop avoir l'équivalent en Belgique. Pouvoir s'entraîner, faire la prépa physique et dormir juste à côté, si on avait ça ce serait chouette !

Y-a-t-il des liens entre les anciennes générations de champions belges et le groupe actuelle ?
Non pas vraiment. Il y a notre entraîneur Cédric Taymans qui a été vice-champion du monde, mais sinon les autres se sont reconvertis et ils ne sont plus dans le circuit du judo.

Pour les plus jeunes, est-ce qu'il y a des structures d'accès au haut-niveau ?
Oui ça commence, c'est assez récent. Il y a un système de détection avec les jeunes qui fonctionne très bien. A mon époque ça n'existait pas encore, c'est arrivé juste après. Ensuite au niveau universitaire il y a possibilité d'avoir des aménagements scolaires mais cela reste dans le cadre classique des universités et des écoles, il n'y a pas de structure d'entraînement.

Pour accéder au haut-niveau cela a donc été une démarche très individuelle ?
il y a des aides qui permettent d'avoir une bourse et d'accéder à des structures médicales notamment, mais c'est sûr que sans mes parents je n'aurais pas pu le faire. Ce sont eux qui m'accompagnaient, qui prenaient la voiture pour m'emmener à des entraînements... Ca coûte cher, on a fait énormément de route, cela n'a pas été facile !

Quelles sont tes sources de revenus et as-tu une activité en complément du judo ?
Je fais du judo à 100%, car je pense que c'est ce qu'il faut pour pouvoir percer dans son sport. J'ai un salaire via l'état et puis à côté j'ai quelques sponsors : le constructeur Ssangyong, okrabatte, les boissons AADrink, les assurances AG et je suis soutenue par la ville de Liège. En Belgique cela reste difficile de trouver des sponsors car le judo n'est pas très médiatique, mais avec ma médaille olympique c'est en train de bouger.

Tu as effectué une rentrée victorieuse en Turquie. As-tu été gênée par le nouveau règlement ?
J'ai pris un shido pour avoir fait lâcher à deux mains, c'est un mauvais réflexe que j'ai encore. Sinon ce qui me fait peur c'est que je faisais beaucoup o-uchi-gari et après j'allais attraper la jambe. Maintenant j'ai peur de toucher la jambe malencontreusement, car la sanction est vraiment lourde et parfois on peut avoir des réflexes qu'on ne contrôle pas forcément.

Après les retraites de Dumitru et de Jossinet, te considères-tu comme la favorite sur les championnats d'Europe qui commencent demain ?
Je suis la numéro un européenne, mais ce n'est pas pour ça que je me considère au-dessus des autres. Il faut vraiment se méfier de tout le monde. Moi je prends combat par combat, une chose après l'autre, et c'est comme cela qu'on arrive en finale, c'est ma façon de voir les choses.

Y-a-t-il des filles que tu crains plus particulièrement ?

Non, je n'ai peur de personne, mais en même temps je me méfie de tout le monde. Il y a des jeunes que je ne connais pas encore et qui peuvent être surprenantes.

Ces championnats d'Europe sont-ils vraiment importants pour toi, où ton vrai objectif de la saison ce sont les championnats du monde ?
Pour moi toutes les compétitions sont importantes, car je déteste perde et je donne le meilleur de moi-même sur chacune. Donc que ce soit les championnats d'Europe, du monde, un Grand Prix ou un Grand Chelem, j'ai toujours envie de gagner et c'est pour ça que j'y vais !

Devenir la numéro un à la ranking c'est aussi un objectif ?
Oui c'est très important. Si on est numéro un à la ranking c'est qu'on a gagné des grandes compétitions. Pour moi c'est vraiment l'objectif, devenir la plus forte de la caté et avoir battu tout le monde.

 


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