Clarisse Agbegnenou sera-t-elle aussi forte après sa grossesse ?

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Équipe de France / mardi 1 mars 2022 / source : alljudo


Le 7 février dernier, Clarisse Agbegnenou a annoncé être enceinte de son premier enfant. Après cette grossesse, aura-t-elle autant de chances d'être championne olympique à Paris. Eléments de réponse.

Il fût un temps où il était impensable d'associer  sport de haut niveau et maternité. Heureusement, depuis, les choses ont changé.

Les pionnières

Dans les années 90 la grossesse dans le sport de haut niveau était considérée comme une faute professionnelle. En 1991 la sprinteuse Maryse Ewanje-Epée s'était vu retirer ses indemnités fédérales et son sponsoring après avoir donné naissance à son premier enfant. A cette époque la grossesse signifiait systématiquement perte de performance.

Il a fallu que des sportives pionnières donnent le ton. Des championnes devenues mamans et de retour sur la plus haute marche des podiums. Parmi elles on peut citer l'américaine Evelyn Ashford, devenue maman en 1985, à l'âge de 28 ans et sacrée championne olympique du 4x100 mètres en 1988 et 1992.

En France on pense à Christine Arron, devenue maman en 2002 et sacrée l'année suivante championne du monde du 4x100 mètres avec le relais tricolore.

Sport de haut-niveau et maternité en 2022

Désormais, les sportives de haut niveau bénéficient d'un accompagnement et d'un soutien adaptés même si certains sponsors ou certaines fédérations sont encore réticents. La boxeuse Estelle Yoka Mossely, championne olympique en 2016 a connu cela.

Pour cette raison, elle a créé l'Observatoire européen du sport féminin, afin d'accompagner la pause de carrière ou la reprise des études des sportives de haut niveau. Elle témoigne aussi pour confirmer que, de nos jours, les athlètes considèrent un retour à la compétition comme une évidence.

Il est à noter aussi que les droits des sportifs professionnels ont été renforcés par la loi de novembre 2015. Désormais, lorsqu'une athlète révèle son état de grossesse, elle est maintenue pendant une année sur la liste des sportives de haut niveau. Ses droits d'assurance, de prestations complémentaires et de retraite particulière sont ainsi conservés.

Maternité et carrière sportive : une simple question de choix ?

Future maman ou déjà maman, certaines athlètes décident de mettre un terme à leur carrière. Certaines mettent leur carrière entre parenthèses parfois pour plusieurs années. D'autres reprennent au plus vite les entraînements après leur accouchement.

Ce n'est pas toujours une question de choix pour ces sportives de haut niveau, car de nombreux facteurs sont à considérer. Parmi ceux-ci, la carrière professionnelle, l'âge, l'état de santé général, la volonté et la motivation, les conditions de grossesse et celles de l'accouchement.

Ensuite, l'entourage familial joue également un rôle important. Pour une athlète devenue maman et pour envisager de nouveau une bonne préparation sportive, il est essentiel pour elle que son enfant soit entre de bonnes mains et qu'elle ait pu organiser sa vie sportive, professionnelle et familiale.

Les mamans dans le judo

En France on peut citer l'exemple d'Anne-Sophie Mondière qui avait mis sa carrière en pause pendant 18 mois après les Jeux de de 2008 pour donner naissance à son premier enfant. Trois fois médaillée mondiale avant 2008, elle a ensuite été vice-championne d'Europe et championne du monde par équipes. Elle témoignait il y a quelques années dans le magazine Parents : « Pour me maintenir en forme pendant ma grossesse, j'ai fait des abdos jusqu'au 5e mois, ainsi que de la natation, aquagym et step jusqu'au dernier trimestre, à raison de trois fois par semaine, mais sans forcer. Juste pour le plaisir. Ce qui est important, c'est la régularité. (...). Je me suis remise au sport progressivement : renforcements abdominaux, échauffement, vélo en salle... Je crois que notre corps a une mémoire, car en trois mois j'avais retrouvé mon poids, sans régime. Et un mois et demi après, je reprenais le judo au club, tout en continuant d'allaiter mon bébé. »

Pour Automne Pavia la grossesse a été synonyme de baisse des résultats. Numéro une française des moins de 57kg de 2012 à 2017, elle remporte durant cette période une médaille olympique (2012) et deux médailles mondiales en individuel. Suite à sa grossesse en 2017, elle avait connu des difficultés avec son club et ses sponsors  et elle n'est jamais revenue à son meilleur niveau.

Concernant Clarisse Agbegnenou, il est donc difficile de se prononcer de manière catégorique, mais plusieurs facteurs plaident en faveur d'un retour victorieux :
- elle est l'incontestable numéro un de sa catégorie avec une marge conséquente sur la plupart de ses adversaires.
- elle reviendra avec en point de mire le dernier grand objectif de sa carrière : être championne olympique à Paris.

En conclusion, si l'on devait parier - sur Winamax ou sur Sportytrader - on miserait sur une médaille olympique de Clarisse Agbegnenou à Paris en 2024, avec le rêve d'une marseillaise qui ponctuerait son exceptionnelle carrière.

 



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  • georges - le 01/03/2022 à 12:31

    Associer la baisse de résultats et la grossesse d'Automne PAVIA reléve d'observations scientifiques ou d'une hypothèse de journalistes ?