Théo Riquin : «Combattre les étrangers c'est plus excitant»

Judo : les actualités du judo en France et dans le monde / Article / mardi 19 octobre 2021 / source : alljudo


Deuxième du Grand Chelem de Paris en -73kg, Théo Riquin (22 ans) est l'une des belles surprises du week-end. Rencontre avec ce judoka encore méconnu.

Bonjour Théo Riquin, félicitations pour ta médaille. Tu n'es pas trop cassé aujourd'hui ?
On va dire que ça va, j'ai eu quelques courbatures, mais ça reste raisonnable. J'ai eu une journée de cours (3e année en école de commerce), donc pas vraiment de repos.

Par qui a tu été coaché samedi ?
Au départ je devais être coaché par Dany Fernandes, mais lors de mon premier combat il était déjà sur la chaise avec un autre athlète et c'est Meheddi Khaldoun qui est venu me coacher. Je connais Meheddi depuis mon passage à Orléans et le courant passe bien entre nous. Il m'a parfaitement aidé sur la préparation des combats, l'observation des adversaires. Le matin il m'a fait voir son costume, et il m'a dit « cette après-midi je veux le mettre ! ».

Peux-tu nous retracer rapidement ton parcours dans le judo ?
J'ai commencé au Judo Club de la Vallée du Clain, le club ou entraîne mon père. A partir de poussins - benjamins nous étions un petit groupe de judokas dont il s'occupait. Nous faisions pas mal de compétitions, de stages, j'ai toujours eu des résultats au niveau départemental et ligue. Ensuite je suis parti au Pôle Espoir de Poitiers. En cadets 2 je fais podium national, ce qui était une surprise car l'année n'avait pas été folle du point de vue des résultats. Ensuite je pars à Orléans, où je suis resté 3 ans, avec Jean-Pierre Decosterd puis Dany Fernandes et Meheddi Khaldoun. Je fais 5e aux championnats de France juniors la première année, puis je sors prématurément les deux années suivantes. Heureusement je remporte le tournoi d'Aix-en-Provence, ce qui me permet d'intégrer l'INSEP en 2017. C'est également cette année-là que j'ai rejoint le club de Sainte-Geneviève.

Qu'est-ce que t'apporte le club dans ta préparation ?
Sainte-Geneviève a un rôle très important pour moi. Il y a beaucoup d'athlètes et une équipe de coaches complémentaires. Je travaille le physique avec Edouard Gringeau et j'ai beaucoup progressé avec lui. J'avais besoin de de m'étoffer physiquement et d'être capable de finir les combats. Ca va beaucoup mieux de ce point de vue-là. Avec Franck Carillon et Laurent Bosch c'est le côté affectif qui prédomine, tandis que Celso Martins supervise tout cela avec bienveillance et en prenant le soin d'entretenir un lien avec tous les athlètes. Depuis 2019 j'ai également passé un cap sur la nutrition avec Aurore Climence qui m'a appris à faire attention à ce que je mange, chose que je ne faisais pas avant.

Tu travailles également avec un préparateur mental, Grégory Boulicaut, peux-tu nous en dire un peu plus ?
J'ai sollicité Grégory en juillet 2019. J'avais un gros passage à vide. Après une blessure et plusieurs mois sans compétition j'avais perdu le plaisir de faire du judo. J'attendais de lui qu'il m'aide à retrouver l'envie et ça a marché, j'ai vraiment retrouvé le plaisir, et chaque jour je suis heureux de m'entrainer. Concrètement, il m'a aidé à définir mes objectifs (autres que des objectifs sportifs) et il m'a donné des outils pour y parvenir. Au fil du temps c'est devenu un ami, il est tout le temps présent quand j'ai une question à lui poser, un sujet à discuter. Sinon nous travaillons de manière spécifique avant chaque compétition.

Quel est le rôle de ton père dans cette équipe qui t'entoure ?
Ce n'est pas quelqu'un qui cherche à se substituer aux entraîneurs. Il m'a donné les bases, car avec lui c'était « judo, judo, judo » et ensuite il a laissé à d'autre le soin de me donner les armes pour accéder au haut-niveau (kumi-kata, physique, mental...). Par contre c'est lui qui me recadre quand il y a besoin, et il le fait de manière très dure, mais je sais que c'est pour me permettre de vivre des moments comme ceux qu'on a vécu samedi.

En mars 2021 tu te classes septième des tests matchs nationaux et en octobre deuxième au tournoi de Paris. Qu'est-ce qu'il s'est passé entre les deux ?
C'était des tests matchs, et dans ma tête pas vraiment une compétition. Je suis arrivé fatigué, avec peu d'envie. A ce moment-là, lorsqu'il n'y avait pas d'enjeu j'avais du mal à me donner. Mais finalement cet échec a été bénéfique car ça m'a touché et ça m'a permis de rebondir, c'était une leçon. Maintenant fais super attention à être fort sur chaque événement.

Comment tu vois la saison à venir ?
Pour commencer je dois réussir les championnats de France 1e division pour revenir à Bercy en février et ensuite j'espère avoir l'occasion de sortir régulièrement sur le circuit international pour marquer des points et m'imposer. Pour moi c'est plus excitant de combattre contre les étrangers.

Au lendemain de ta première médaille en Grand Chelem quels sont les axes d'améliorations que tu as identifiés ?
Je dois encore progresser au kumi-kata. C'était mon point faible et je l'ai amélioré, mais il y a encore le double de progrès à faire. Il faut aussi que j'apprenne à mieux gérer les fins de combat lorsque je mène au score. Sur la compétition c'est passé, mais j'aurais pu payer certaines erreurs.

 



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